Lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, un projet de réforme de notre système de retraites avait été interrompu lorsque la France était frappée par la première vague de la pandémie de Covid, en mars 2020, et les français confinés chez eux durant de longues semaines.
Promesse phare du candidat Macron à sa propre succession, le sujet est remis au premier plan dès l’entame du nouveau quinquennat. Entretemps, le projet d’une réforme vers un système à points dit “universel” a vu ses ambitions considérablement réduites. Plus question de remettre en cause le système en profondeur, le gouvernement se concentre sur deux paramètres :
- augmentation de la durée de cotisation via l’accélération de la réforme Touraine de 2014 (allongement de la durée de cotisation de 42 à 43 annuités),
- et surtout, recul de l’âge légal du départ à la retraite de 62 à 64 ans.
En France, nous sommes dans un système de retraites par répartition : ce sont les actifs qui cotisent pour payer les pensions des retraités, par opposition à un système par capitalisation. L’ensemble des syndicats et la grande majorité des français sont attachés au système par répartition, plus égalitaire et censé assurer des revenus décents aux retraités.
Une question d’équilibre
Notre système repose sur l’équilibre entre le montant des cotisations et celui des pensions. On parle aussi d’un système paramétrique car cet équilibre dépend de l’ajustement de plusieurs paramètres :
- La durée de cotisation : elle est aujourd’hui fixée à 172 trimestres (43 annuités) pour les personnes nées à partir de 1973.
- L’âge légal de départ à la retraite : l’âge à partir duquel un salarié qui a cotisé tous ses trimestres peut partir avec une retraite à taux plein.
- Le montant des pensions versées aux retraités.
- Le montant des cotisations, pesant sur l’employeur et le salarié.
Le gouvernement justifie l’utilité de la nouvelle réforme par un certain nombre de projections, qui prédisent que le système sera déficitaire d’ici quelques années. Le choix fait par le gouvernement est celui de l’allongement de la durée de cotisation. Mais pas de manière égalitaire…
Une réforme injuste
Le choix du gouvernement fait peser le coût uniquement sur les salariés (les entreprises ne sont pas mises à contribution). Sur tous les salariés ? Non, car pour résumer :
- les “carrières longues”, celles et ceux qui commencent à travailler jeunes et sont souvent les moins diplômés, seraient heureusement épargnés,
- les plus diplômés, ceux qui commencent à travailler le plus tardivement mais bénéficient souvent des meilleures rémunérations, doivent déjà aller au-delà des 64 ans pour prétendre à une retraite à taux plein,
- la catégorie “intermédiaire” est celle qui va prendre de plein fouet le recul de l’âge légal : un salarié qui par exemple a commencé à travailler à 19 ans, ne partirait plus à 62 ans après avoir cotisé 43 annuités, mais pourrait être obligé d’aller jusqu’à 64 ans afin de bénéficier de sa retraite à taux plein. BAC+2, BAC+3, et ils sont nombreux à Lectra, seraient directement impactés.
Par ailleurs, dans un contexte inflationniste et de crise énergétique, qui frappe déjà durement cette catégorie de travailleurs, le moment paraît mal choisi. Ajoutons à cela que l’effet prévu par le gouvernement est quasiment immédiat : des salariés aujourd’hui proches du départ à la retraite pourraient voir leur départ reculer de plusieurs mois.
La Cfdt n’est pas en ligne avec le choix du gouvernement et s’oppose à ce projet de réforme injuste, donc inacceptable.
Partant de ce constat, les organisations syndicales se sont accordées sur une première journée de mobilisation ce jeudi 19 janvier.
Ceci à l’unanimité, fait suffisamment exceptionnel ces dernières années pour être souligné. Cette union s’est traduite par un appel à la grève et à la manifestation dans un communiqué intersyndical publié le 10 janvier 2023.
Le droit de grève : comment l’exercer ?
L’appel à la grève est au niveau national, il n’y a pas de condition particulière à respecter. Les salariés de Lectra, comme la grande majorité des salariés du privé, sont libres d’exercer leur droit de grève, sans préavis. Tout ceci est expliqué en détail sur le site internet du Service Public.
Si vous décidez de vous mettre en grève ce jeudi, nous vous conseillons simplement de prévenir votre manager et/ou les ressources humaines la veille ou le jour même.
Par ailleurs, des cortèges défileront un peu partout en France ce jeudi, c’est une manière de rendre visible la mobilisation.
A Bordeaux, le rendez-vous est fixé par les organisations syndicales à 12h, place de la République.
Quelques liens pour aller plus loin
- Pour savoir si vous seriez personnellement impacté par la réforme telle qu’elle est aujourd’hui définie, un simulateur a été mis en place par le gouvernement : Réforme des retraites – suis-je concerné(e) ? (info-retraite.fr)
- Quelques éléments de réponse aux questions les plus courantes sur le projet de réforme : CFDT – FAQ Réforme des retraites 2023 – les réponses à vos questions