Depuis des années, nous soulignons que l’accord d’intéressement de Lectra a un défaut majeur: le montant de la prime distribuée peut être en baisse lorsque le bénéfice de Lectra monte. Ce chassé-croisé crée de l’incompréhension voire du ressentiment chez de nombreux salariés. Il nourrit l’idée, profonde dans nos sociétés, que l’actionnaire est mieux traité que le salarié.
Fort de ce constat, depuis 2008 la Cfdt fait la promotion d’un accord en proportion des bénéfices. Réduire la fracture, faire converger les intérêts des salariés et des actionnaires, voilà notre objectif. Et c’est avec ce même objectif que nous avons engagé la négociation pour l’intéressement 2020-2022. C’est une position difficile à tenir lorsque l’on sait l’opposition farouche de la Direction, notamment de Daniel Harari, à cette proposition.
La crise liée au virus a heureusement joué pour nous tous. En devant traiter rapidement des sujets sanitaires ou économiques, les circuits de discussion se sont raccourcis. Daniel Harari est venu fréquemment à la rencontre des représentants du personnel pour expliquer les moyens dont il souhaitait disposer pour amortir la crise en cours. Nous avons apprécié cette démarche.
De la même manière, il a choisi de traiter en direct la négociation sur l’intéressement. Rapidement, nous avons compris qu’un accord en proportion du bénéfice était inconcevable pour lui. Ainsi, plutôt que de persister dans notre idée, nous avons fait la proposition de promouvoir l’actionnariat salarié sur le fonds Lectra: en faisant de chaque salarié un actionnaire de Lectra, nous pouvons aligner à terme l’intérêt des uns et des autres.
Bien que Daniel Harari soit partisan de l’actionnariat salarié, il ne souhaite pas que Lectra en fasse la promotion, jugeant que devenir actionnaire est par nature une position risquée. Il pense que l’existence du fonds Lectra est un moyen suffisant pour devenir actionnaire : libre à chacun d’y investir sa prime d’intéressement. Pourtant, par nos échanges directs, Daniel Harari a compris l’importance à nos yeux de faire converger l’intérêt des salariés et des actionnaires. En acceptant d’initier une politique en faveur du fonds Lectra, il fait confiance en notre jugement. Du dialogue qui s’était renoué depuis 5 ans émerge la confiance…
Évidemment, l’abondement est d’un intérêt financier pour chacun. Il permet d’acquérir des actions Lectra à un moindre coût, en diminuant les risques de perte en capital. Mais l’abondement sur le fonds Lectra est aussi d’un intérêt collectif. Le fonds Lectra représente l’ensemble des investissements de chaque salarié dans le capital de Lectra. Aujourd’hui, le fonds possède 0.4% du capital de l’entreprise, un niveau inchangé depuis 20 ans. A la fin de l’accord d’intéressement 2020-2022, nous pourrions collectivement posséder 0.8% du capital de Lectra. Le verre à moitié vide n’y voit que peau de chagrin. Le verre à moitié plein y voit pourtant un doublement.
Il sera long le chemin pour aligner l’intérêt des salariés à celui des actionnaires. La mise en œuvre d’une politique en faveur du fond Lectra nous met sur la bonne voie.
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas » Lao-Tseu
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