Après de longs mois de préparation, la négociation sur le télétravail régulier a commencé. Avec une journée de télétravail par semaine, la proposition de la direction est très en deçà de l’attente des salariés. En effet, notre sondage de novembre montrait plutôt une aspiration à deux ou trois jours. D’un point de vue environnemental aussi, davantage de télétravail serait nécessaire pour réduire l’impact carbone de nos déplacements domicile-travail. La proposition de la direction ne répond pas suffisamment à ces deux enjeux.
Pourtant, si l’on se place du point de vue de la direction, l’effort est significatif. Longtemps réticente au télétravail, sa proposition apparaît non négligeable. Ce changement de posture, nous ne le devons pas aux demandes répétées des salariés, du management ou des syndicats. Nous le devons in-fine à la crise sanitaire qui nous jeta du jour au lendemain en télétravail à 100%. Posé en bord de falaise et poussé dans le dos, l’oisillon comprit aussitôt qu’il pouvait voler. L’expérience ne fut pas funeste. Après quelques battements d’ailes, l’oisillon était prêt pour un nouveau vol, cette fois-ci contrôlé et non plus contraint.
Le caractère expérimental de ce premier vol fut donc de première importance. Sans expérience préalable, le télétravail régulier serait encore dans les cartons. Cette leçon n’a pourtant pas été retenue pour la définition du cadre qui nous est aujourd’hui proposé. De fortes contraintes pèsent sur le système. Bien sûr, il est prévu l’existence de contraintes opérationnelles liées à chaque direction, service ou équipe. Cela semble normal. Par contre, des contraintes ex-nihilo viennent rigidifier la souplesse de l’ensemble. En pratique, la proposition accorde 45 jours de télétravail par an, soit en moyenne un jour par semaine (une fois les semaines de congés ou de RTT déduites). C’est souple. Mais elle limite le nombre à deux jours par semaine (c’est rigide), et 4 jours sur une période de 4 semaines (ultra-rigide).
Dans un autre registre, Lectra limite le télétravail à certains postes. En première approximation, c’est tout à fait logique. Cependant, il existe certaines tâches, à la production ou ailleurs, qui peuvent être effectuées en télétravail. Prenons le cas d’un monteur référent sur le montage d’un Vector, et devant préparer une formation pour la venue de nouveaux intérimaires. La mise au point de son support de formation, sa répétition préalable, pourrait très bien se faire à son domicile. Dans un souci d’inclusion du plus grand nombre, il est nécessaire d’échapper aux stéréotypes, et d’inclure dans le système tout ce qui est télétravaillable, et non pas uniquement le poste dans son ensemble. D’autres éléments de rigidité sont encore présents dans le cadre initial, tel l’impossibilité de la demi-journée de télétravail, qui serait pourtant tellement utile à accoler à la demi-journée non travaillée d’une personne à 90% par exemple.
Ainsi, au delà du volume insuffisant de jours de télétravail, Lectra doit d’ores et déjà permettre à ses différentes organisations de se projeter dans un dispositif où les jours télétravaillés seront plus nombreux, les manières de travailler différentes. Pour ce faire, rien de mieux que l’expérimentation. En n’offrant pas la possibilité d’expérimenter cela, nous préparons mal l’intégration culturelle du télétravail et sa montée en puissance progressive.
L’actualité sociale de Lectra décryptée par vos élus Cfdt !
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C’est un bon début, mais une question se pose : pourquoi vouloir systématiquement faire différent des autres entreprises ? Être moins attractif ? Perdre de plus en plus de gens compétents ? Qui plus est sur une différence de 1 jour par semaine manquant…
Bref le compromis minimum pour ne rien céder, qui ne satisfait pas et qui rajoute une pierre à la pile du climat actuel de marché de l’emploi tendu.