La situation sanitaire en France continue de se dégrader. Plus de 40 000 cas de contamination ont été enregistrés hier. A l’échelle du pays, c’est un cas pour 1600 habitants. A l’échelle d’une entreprise de 900 salariés, c’est une chance sur deux d’avoir un salarié contaminé. Depuis le début de l’épidémie, un million de personnes ont été diagnostiquées positives. A l’échelle de cette même entreprise, cela représenterait 14 cas probables de contamination. Avec 9 cas avérés, l’entreprise fait mieux que la probabilité. La situation n’y est pas critique, et fait dire à ses dirigeants que l’on est mieux protégé ici qu’à la maison. Ce n’est pas faux. Qui porte un masque à la maison ? Qui mange à plus d’un mètre de son conjoint et de ses enfants ? Qui nettoie ses sanitaires quatre fois par jour ?
L’inquiétude émise par les pouvoirs publics ne tient pas tant au niveau du risque d’aujourd’hui qu’à sa dynamique. La propagation du virus est exponentielle avec une croissance de 40% sur la semaine passée. A ce rythme, le nombre de nouveaux malades double tous les quinze jours. La vitesse de propagation est ralentie par l’ensemble des gestes barrières et des mesures de protection. Aucun n’est suffisant seul, mais chaque geste et chaque mesure ajoutent à la protection de l’ensemble. Leur addition doit finir par faire refluer la propagation.
Si la propagation du virus diminue avec les gestes barrières et les équipements de protection, elle augmente avec les interactions sociales. Leurs réductions drastiques lors du confinement a montré en creux leurs effets sur la propagation. La dernière mesure en date, le couvre-feu, apportera un frein supplémentaire à la propagation. Il faut espérer que cette nouvelle mesure, dont tous les commerçants de la nuit paient le tribut, ajoute suffisamment de protection à l’ensemble pour que la progression du virus freine jusqu’à diminuer de nouveau.
Dans l’entreprise, si l’on est mieux protégé qu’à la maison, l’on y est aussi plus exposé. Les interactions sociales y sont plus nombreuses. Le demi-salarié contaminé de la journée d’hier contaminera à son tour son entourage, son conjoint plus sûrement que son collègue ou son voisin de métro. Mais multiplié par le nombre de ses collègues et de ses voisins de métro, la contamination ne demeurera pas dans la sphère privée. Elle se diffusera au-delà. L’appel gouvernemental à promouvoir le télétravail sanitaire, là où il est possible, répond à cette évidence. Parmi l’ensemble des freins à la propagation du virus, le télétravail est une mesure efficace et peu douloureuse pour le tissu économique. Si toutes les entreprises de France mettaient un place un télétravail sanitaire mesuré, un nouveau frein viendrait s’ajouter à ceux déjà en place. Que l’une d’elles ne joue pas le jeu ne changera pas la dynamique de propagation.
Vous avez cru reconnaître votre entreprise dans ce portrait ? Peut-être… Le net reflux de télétravail en France entre la période de confinement et la période actuelle (Libération, 14 octobre 2020) laisse à penser que, statistiquement, une entreprise sur deux a “abandonné” le télétravail.
En réponse au protocole sanitaire du 16 octobre, demandant aux employeurs de fixer dans le cadre du dialogue social un nombre minimum de jours de télétravail par semaine, Lectra a unilatéralement fixé à 2 jours par semaine le nombre de jours maximum de télétravail pour les salariés des zones sous couvre-feu : Paris, Lyon et Cholet. La mesure sera applicable à partir du 2 novembre.